Le BRM 400 Chantepie par Marité

Après 200 et 300 km pourquoi ne pas tenter un 400 ?

Je me sens en forme et peut-être en mesure de réussir un tel pari, mon plus gros souci étant de rouler la nuit. Cela m’angoisse et j’ai très peur de chuter. Pierre me rassure en me disant qu’avec les nouveaux éclairages on y voit très bien. Moi je dois voir pour y croire !!
Je me lance donc ce nouveau défi et me retrouve dans le peloton de départ à Chantepie. Et cela part très vite !! Rapidement, je me dis qu’à cette allure, je n’irai jamais au bout ! Magaly s’envole avec une partie de l’équipe cantepienne, mais Cri-cri et Pierre sont juste derrière moi et je lève le pied. Phil nous a prévenus avant le départ. « Ne vous laissez pas embarquer par la vitesse et le vent favorable car après vous risquez de le payer ». Merci Phil de nous avoir rappelé ce précieux conseil.
Le rythme reste cependant très soutenu mais je suis la cadence. A 22 heures nous sommes au premier contrôle. La nuit commence à faire son apparition. Chacun revêt vêtements chauds, baudriers de sécurité et le défilé de petites lumières rouges s’étire le long de la route vallonnée que nous devinons.

« Un ragoût de bosses », expression bien connue des cyclos cantepiens, commence alors. La nuit est désormais bien entamée, le ciel brille de milliers d’étoiles.

Je rêvais d’une nuit claire de pleine lune, il n’en est rien mais Pierre avait raison, les éclairages puissants permettent de se guider facilement.
Nous enchaînons les côtes, traversons les petits villages silencieux où les habitants sont tranquillement installés devant leur téléviseur ou même déjà dans les bras de Morphée. Et moi je suis là à pédaler, la cadence est toujours soutenue ! Pourquoi roulent-ils tous si vite ? Est-ce la nuit qui les entraîne ? Je songe au prochain contrôle de la Gravelle où nous attendent Odile, Cath et Michel.

J’ai hâte d’y être. Je cogite silencieusement, j’ai l’impression que je ne vais pas tenir et je réfléchis à des solutions de repli : si ça ne va plus, je peux rester à la Gravelle et rentrer en voiture. Si tout va bien, je vais au moins jusqu’à Fougères et là je rentrerai directement vers Chantepie.

Pouancé, Saint Aignan la Roë, nous évoquons les flèches de l’Ouest chaque fois que nous traversons un village , cela occupe l’esprit et évite de s’endormir. Le parcours est assez difficile, enchaînant montées et descentes en interminables lignes droites.
La route est longue, la Gravelle me semble au bout du monde ! Enfin nous y sommes aux environs de 1h du matin (je crois car j’ai un peu perdu la notion de l’heure). Nous avons roulé à 22,8 km/h de moyenne !! Et quel accueil !! On est aux petits soins pour nous. Transis de froid, nous sommes réconfortés par un potage bien chaud, pain d’épice, oranges, chocolat, coca, café, etc… Merci les amis !
Chacun ajoute une épaisseur car la nuit n’est pas terminée et la température va encore baisser. Henri qui pensait affronter vaillamment le froid nocturne n’a pas prévu de jambières.

Cath lui prête un collant…de fille ! sans lequel il n’aurait peut-être pas tenu !!! Voilà une bonne raison de le charrier !!
Nous reprenons la route, transis de froid, nous grelottons dans les descentes, particulièrement aux abords des rivières. La campagne, par endroits couverte de brumes nous oblige à redoubler de vigilance. A hauteur de Saint Pierre la Cour, nous avons une pensée pour ces ouvriers de la cimenterie Lafarge qui travaillent pendant que nous profitons de notre loisir favori.
Il est 3 heures lorsque nous apercevons Fougères à l’horizon. Nouvel arrêt pour poster nos cartes de contrôles et nous restaurer un peu. Notre bonne fée Cath est là !! Elle nous offre dattes, biscuits, eau, bananes, etc… Encore un bon moment de réconfort !
Le jour se lève peu à peu. Nous roulons toujours bon train, chacun commence à avoir sommeil et le silence dans le groupe se fait pesant. Franck et Pierre restent à l’arrière, envahis par l’envie de dormir. Pour ma part, je me sens bien. Je ne songe plus à l’échec. Je connais la deuxième partie du parcours et je sais qu’il reste des difficultés mais nous aurons un peu de répit sur le secteur de Dinan où nous arrivons à 7h15.
J’attends impatiemment l’ouverture des pâtisseries pour m’offrir un flan ! Peu de commerces sont ouverts mais nous trouvons ce qu’il faut en centre-ville et des cafés ouverts à la gare. Café, thé, chocolat, viennoiseries nous redonnent de l’ardeur. Nous repartons sous le soleil mais la température est toujours très basse et le vent froid.
Nous en sommes à la moitié de notre parcours, la journée s’annonce belle, tout va bien.

Les langues commencent à se délier, quelques plaisanteries de temps en temps aident à oublier les difficultés.
Evelyne, Cath, Véro et Raymonde nous manifestent leurs encouragements par téléphone. Merci les copines ! Nous sommes à Merdrignac.
Cath nous rejoint à nouveau à Paimpont. Il est midi, c’est le moment de faire une bonne pause-repas avant de reprendre la route pour les 90 derniers kilomètres. Nous avons tout notre temps pour arriver largement dans les délais. La fatigue devient plus pesante, le soleil aidant, certains ont du mal à rester éveillés. Magaly demande qu’on lui chante une chanson. Pas une berceuse !!

Il nous faut à nouveau enchaîner quelques difficultés avant et après Bain de Bretagne, site de notre avant-dernier contrôle, Chantepie étant le dernier, comme le souligne Magaly.
A 18h justement nous arrivons à Chantepie, acclamés par nos amis cyclos qui nous attendent. Quelle ovation !!
Le bonheur est au bout de ce périple de 400 km que je n’aurais jamais imaginé réaliser il y a seulement quelques mois.
C’est une victoire sur moi-même réussie grâce à une équipe soudée et solidaire. Ce fut une bonne nuit, tout de même…

Marité

Ci-dessous la belle équipe du 400 de Chantepie