Flèches : Rennes Caen Omaha-Rennes les 3 et 4 avril 2010

Samedi 5 heures du matin, c’est le départ enfin …je me suis réveillée à 3 heures, le stress est là, serais je à la hauteur ?
Voilà quelques jours que la pression est montée, j’ai l’impression de me retrouver à la veille de mon premier marathon.
J’ai démarré le cyclo voici à peine un mois et demi, brevets de 50, 150 et 200km en poche, je me lance sur les flèches de l’Ouest.

Pour m’emmener, Pierre et Pascal des vrais « fléchards, Diagonalistes » je suis entre de bonnes mains.
J’ai fait attention à mon alimentation, huit bananes dans les sacoches pour les deux jours (je vous vois sourire !) les pâtes de fruits, boissons, bref tout y est, mais le vélo est bien lourd je trouve. Je vois quelques sourires autour de moi, ça rigole, tant pis je vais apprendre comme tout le monde. Nous sommes trois au départ, deux autres du club nous rattraperont puis nous dépasseront sur la route.
Christian est là pour nous souhaiter bonne route ! C’est mon « Parrain » du cyclo.

Son regard en dit long de sa déception de ne pouvoir venir (lumbago), ses encouragements nous suivront tout au long du périple, il sera sur mon porte-bagage tout comme ma Juju blessée elle aussi (je vous emmène avec moi).
Il fait nuit, c’est une première pour moi de rouler dans le noir et je n’y vois pas grand-chose, alors je suis les feux de mes deux compagnons de route, je ne vois pas les pièges de la route, ne devine pas les virages et descentes et j’ai hâte de voir le jour se lever enfin.
Dourdain, travaux de voiries importants, Pascal crève de l’avant au 20ième kilomètres il réitéra cinq kilomètres plus loin, puis aux 140ième on peut dire que la « sorcière aux dents vertes » était sur son porte-bagage !
La matinée pour moi est difficile, mal au genou, le doute de ne pouvoir aller au bout, je ne dis rien, mais je gamberge… Midi pause casse-croûte ouf je me sens un peu mieux.
La traversée de la Suisse Normande est magnifique, c’est un peu comme une pomme, on regarde sa robe, on admire ses contours, on la convoite, on en salive, puis on l’épluche, on prend son temps dans la montée, tournant encore et encore, cela parait ne jamais en finir parfois, le paysage est majestueux.
Je contemple ces milliers de jonquilles qui tapissent la route, il faut dire que j’ai le temps, les « côtes  » ne m’aiment pas visiblement, mes compagnons m’attendent patiemment, des amours ! Les descentes, la pomme que l’on croque à pleine dent !
Ça défile à toute vitesse, il faut me concentrer pour ne pas perdre l’équilibre, la vitesse est grisante et hop ! Ça remonte, il en sera ainsi toute la journée, horreur…je découvre que quelqu’un a volé les « plats  » qui m’auraient permis de récupérer un peu, le soleil nous a salués toute la journée avec le vent dans le dos, nous arrivons à Caen à 17 heures.
Quelle joie, voici ma première flèche réussie, ce fut dur mais ô combien plaisant, nous appelons Christian, Cath, les proches pour leur dire que tout va bien, ils sont heureux pour nous, ce partage, quel moment.
Mais il nous faut repartir pour rejoindre Bayeux lieu d’hébergement et histoire d’arroser ma première flèche, la pluie fait son apparition, légère au début puis soudain le déluge, la grêle, les rafales de vent, c’est l’enfer sur le vélo et le début d’une certaine souffrance, je suis fatiguée, mais il faut avancer… Bayeux, nuit de repos, lever à 5 heures pour le retour sur Rennes, mais au départ d’Omaha.
Je n’ai pas regardé les parcours avant de partir de Rennes peut-être pour ne pas me faire peur, en regardant le forum je découvrirai que tous savaient que le retour était une flèche très belle mais dure, et effectivement cela fut très dur mais ils n’ont rien dit pour ne pas me décourager et ils ont bien fait. .
Au départ de Omaha, la plage immense me saisit, le calme, le souvenir des hommes et femmes tombés lors du débarquement, qui ont donné leur vie pour qu’aujourd’hui nous soyons là, libres d’aller et venir, moment de recueillement.
Nous reprenons la route, nous rentrons, dans la tête cela est plus facile, les jambes sont bonnes tant mieux, mais c’est bizarre il n’y aura que des montées et des descentes et toujours pas de plat ! Ils se sont donnés le mot ou quoi ! Je m’accroche, je m’arrache, je me dis que ce n’est pas le vélo qui va avoir raison de moi, je n’ai jamais abandonné sur un marathon je ne vais pas lâcher là !
Puis soudain, là, un petit bruit, je tends l’oreille, c’est sûr ça frotte à l’avant ! J’interpelle Pierre, nous mettons pied à terre et je découvre que c’est mon frein avant qui est collé à la roue et ce depuis Bayeux où j’avais réajusté mon guidon et touché à ma sacoche avant ! Pas étonnant que c’était dur maintenant c’est forcément beaucoup mieux, nous repartons.
La côte de Caumont-L’Eventé a bien failli me faire poser pied, Pierre est parti devant, Pascal est à l’arrière ruminant sur le pourquoi de sa 4ième crevaison du week-end, le pauvre, il anime l’étape comme il peut ! J’aurais préféré que cela se produise en haut des côtes et non au bas au moins cela m’aurait permis de récupérer !
Par hasard, l’arrivée se fait au son des cloches, l’émotion me saisit soudain, Pierre est souriant, je saisis mon bidon, exténuée de cette montée, Pascal arrive et nous voici de nouveau repartis.
Contrôle à Chatelier et je découvre l’histoire de « la poule et du puits  » raconté par Mr L’Ecrivain personnage local du village qui nous contera deux ou trois anecdotes en plus, maisil nous faut rentrer sur Rennes et la fatigue est déjà là pour moi.
Je n’en peux plus de ces kilomètres, mon cuissard me brûle aux aines, difficile apprentissage des longues distances, mais qu’est-ce-que je fais là ?
Mon esprit vagabonde, les kilomètres sont à rallonge et ces côtes qui se présentent toujours à nous, le moindre faux plat est une souffrance plus morale que physique, mais je ne veux rien laisser paraître, par égard pour Pierre et Pascal.
Ils m’ont emmenée au bout de cette aventure, pas une fois je n’ai senti de l’impatience, pas une fois leurs regards se sont dérobés au mien, toujours ils sont restés près de moi. Dans les moments difficiles, ils m’ont soutenue, attendue, encouragée je ne veux pas les décevoir.
Nous apercevons au loin Rennes, le moral remonte un peu mais je n’ai guère la force de pousser la chansonnette d’ailleurs je n’ai guère eu la force de le faire pendant ces deux flèches, bizarre…
Dans un instant nous arriverons à la « GENTILHOMMIERE », là où nous attendent Raymonde et Christian avec Cath et Marité.
Mes jambes et ma tête s’impatientent et en même temps Pierre et Pascal se réjouissent de notre réussite et me félicitent. J’ai du mal à savourer sur le moment, du mal à croire cela réel, j’ai réussi ! Comme lors de mon premier marathon et je ne peux m’empêcher d’y associer ce même ressenti, le coeur qui bat, les yeux soudain qui deviennent humides, renforcés par l’apparition de ceux qui nous ont soutenus tout au long de notre route, sur ce perron de la Gentilhommière, et leurs regards en disent long sur la fierté d’avoir réussi à emmener la  » petite » sur leur terrain de prédilection.
La soirée se passera un peu entre deux mondes, le récit du voyage, la fatigue, le plaisir et la joie de partager ces émotions et leurs souvenirs de flèches ou Diagonales, je mesure le chemin qu’il me reste à parcourir pour réaliser l’objectif de l’année prochaine, Le Paris Brest Paris et cet été Rennes- Verdun.
D’ici là il y aura d’autres flèches, d’autres brevets, d’autres moments d’émotions partagés mais ces deux flèches aujourd’hui, l’accueil et le soutien de mes nouveaux amis du Cyclisme resteront à jamais dans ma mémoire et mon coeur.
Merci à ma Juju de m’avoir poussée à monter sur le vélo et à Christian « Parrain » de mes apprentissages de Cyclo qui auraient tant voulu m’accompagner pour ma première flèche.
A Raymonde si discrète et pourtant si présente aussi, à Pierre et Pascal mes deux acolytes qui ont pris tant soin de moi, à Marité, Franck, Magaly, Marie-France… supporters sur le forum.
Au club de Chantepie de m’avoir si gentiment accueillie.
Je vous dédie ma première flèche et à très bientôt pour d’autres moments de partage

Véronique.